Hunter Schafer : « mon orientation sexuelle, c’est une attirance pour la misogynie »
Ce que les médias oublient malencontreusement de dire sur Hunter Schafer
De très nombreux médias, dont Le Monde, Les Inrockuptibles, Le Figaro, Le Parisien, Télérama, RTBF, Radio-Canada, La Presse, Le Soir, La Libre Belgique, La Voix du Nord, HuffPost France, Konbini, Madame Figaro, Vogue France, BFM TV, LCI, etc., ont récemment dénoncé la terrible injustice faite à l’acteur états-unien Hunter Schafer, prétendument devenue une « actrice » après quelque « transition ». Schafer a en effet reçu un passeport indiquant qu’il est un mâle. Bon sang ! Abominable, n’est-ce pas ?! Saurait-on imaginer injustice plus grave ?! Recevoir un passeport indiquant que l’on est un mâle, alors que l’on est un mâle, certes, mais qu’on a payé très cher en chirurgie pour avoir des seins énormes ! Malheureusement pour Schafer, l’habit ne fait pas le moine, et se faire entièrement refaire la plastique corporelle afin de ressembler à une personne du sexe féminin ne fait pas d’un homme une femme (Schafer a en outre choisi de conserver son pénis).
Au passage, on note sans surprise que tous les médias francophones ont utilisé le terme « genre » au lieu du mot « sexe ». Pourtant, le passeport états-unien n’indique pas un « genre » mais un « sexe » (« sex » en anglais). De même que la carte d’identité française. Cependant, les médias états-uniens ont rapporté la nouvelle en employant le terme « gender » au lieu de « sex » (comme l’a fait Schafer lui-même). Ce qui explique pourquoi les médias français, qui sont d’une nullité tout à fait attendue de la part des médias en général dans le capitalisme, ont parlé de « genre » et pas de « sexe ». Ils ont simplement traduit de manière purement littérale « gender » par « genre ». Ce qui, par le plus grand des hasards, correspond aux exigences journalistiques des militants trans, qui souhaitent bannir l’emploi du terme « sexe », au profit du mot « genre » (bannir les références à la réalité matérielle, objective, pour les remplacer par des concepts absurdes renvoyant uniquement à des ressentis, des sentiments, des considérations subjectives). Mais ce choix n’est pas que politique, il découle aussi d’une erreur de traduction, puisque le terme anglais « gender », qui correspond littéralement et étymologiquement au mot français « genre », est un « faux ami » qui possède plusieurs sens en anglais, dont celui de « sexe ». Autrement dit, en anglais, « gender » et « sex » sont officiellement et couramment utilisés comme des synonymes depuis plusieurs siècles (la confusion qui découle de cet état de fait a beaucoup favoriser l’essor du phénomène trans). Dans le cas qui nous intéresse ici, le terme anglais « gender » employé par les médias anglophones aurait donc dû être traduit par « sexe ». Parce qu’en français, si le « genre grammatical » renvoie au sexe, le mot « genre » n’est pas synonyme de « sexe ». Enfin, ne l’était pas jusqu’à très récemment, jusqu’à ce que l’américanisation du monde, les exigences des militants trans, l’incompétence de beaucoup de traducteurs, la bêtise des médias et le conformisme n’encouragent la confusion des termes.
En conséquence, dans le langage courant, en français, on observe aujourd’hui une confusion sémantique omniprésente entre deux ou trois, voire quatre sens du mot « genre » :
le sens synonyme de sexe (qui nous vient de la langue anglaise) ;
le sens qui renvoie à quelque « genre vécu » ou « identité de genre », c’est-à-dire à un type de personnalité (sens issu des théorisations transidentitaires et « queer ») ;
le sens issu de la critique féministe, qui appelle « genre » le « système de bicatégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin) » ;
le sens qui désigne une catégorie taxonomique située au-dessus de l'espèce et au-dessous de la famille (le genre Homo réunit Homo sapiens et les espèces apparentées).
Beaucoup de problèmes et de malentendus pourraient être évités si celles et ceux qui veulent parler du « sexe » d’un individu employaient simplement le mot « sexe ». Le passeport états-unien indique le « sexe » de l'individu, pas son prétendu « genre » ou quelque « identité de genre ». Trump est un fasciste mégalomane, une ordure misogyne, un agresseur sexuel sociopathique, une catastrophe pour l’humanité et la vie sur Terre. Il n’empêche qu’Hunter Schafer est effectivement un mâle adulte de l’espèce humaine, malgré ses nombreuses opérations chirurgicales et ses volumineux implants mammaires. (Contrairement à ce que suggère la pensée binaire, qui est incroyablement stupide, il n’existe pas seulement deux camps, deux perspectives politiques ; il n’y a pas d’un côté les méchants Trumpistes et de l’autre les gentils progressistes qui célèbrent le mouvement trans ; les possibilités politiques ne se limitent pas à « adhérer totalement aux revendications et aux idées trans » ou « être un c*nard d’extrême droite ».)
Mais ce n’est pas pour ça que je mentionne cette affaire. C’est en raison de ce que les médias n’en diront jamais. Les médias jugent très important de partager l’outrage du mâle humain qui trouve scandaleux d’être catégorisé comme un mâle humain sur ses papiers d’identité. Mais ils ne discutent pas, par exemple, de la page manuscrite tirée d’un de ses carnets que Schafer a publiée le 5 janvier 2018 sur son compte Instagram, dans laquelle il confiait « des choses auxquelles il avait pensé » concernant son identité, et plus particulièrement, sa « transidentité ».
Schafer y affirmait entre autres : « mon orientation sexuelle […] était et est toujours une attirance pour la misogynie ». A la question « Pourquoi avais-je besoin/envie d’être une femme », il répondait : « mon genre a été très influencé par le besoin d’être utilisé par des hommes ». Plus loin, il ajoutait que s’il avait voulu « devenir une femme », c’était en raison de « l’excitation et l’attirance sexuelle [qu’il ressentait] pour la domination, et aussi l’humiliation ». Il se demandait, de manière franchement glauque : « Pourquoi le viol est-il fétichisé des deux côtés de la binarité ? » Ce qui rejoint une autre phrase qu’il avait écrite, que l’on pourrait traduire par « Ne pas se sentir suffisamment femme sans être victime d'un viol », ou « je ne me sentais pas assez femme sans être victime d’un viol ». Schafer notait également que même lorsqu’il était gay (avant de se dire « trans », pendant un temps, il se disait homosexuel) il préférait « le porno hétéro », parce que celui-ci, contrairement au porno gay, comprenait « de la misogynie », « des agressions » et « de l’oppression » (« misogyny -> abuse -> oppression »). Autrement dit, Schafer préfère le porno hétéro parce qu’il est clairement misogyne et qu’il se compose d’agressions sexuelles de femmes. Et parce que la misogynie et les agressions sexuelles de femmes, ça l’excite.
Pour récapituler, dans ce texte, Schafer confessait que sa volonté (ou son besoin) de devenir une femme était liée à une attirance sexuelle pour le viol, la domination, l’humiliation et le fait « d’être utilisé par les hommes ».
Et non, tout ça n’est pas une blague, pas une rumeur, pas une fake news. Dans une interview en date de 2021 et toujours en ligne sur le site de Vulture (affilié au New York Magazine), une journaliste pose une question à Schafer au sujet de cette publication (qu’elle juge « incroyablement profonde »), laquelle est par ailleurs mentionnée dans un article publié en 2019 sur le site du magazine Cosmopolitan.
Cela dit, depuis, Schafer a supprimé cette publication hallucinante. Je ne sais pas exactement quand. Mais entre-temps, elle avait déjà reçu plus de 10 000 « likes » et de nombreux commentaires élogieux – beaucoup de gens semblaient la trouver formidable, cool, géniale, « profonde ». Ce qui est à peu près sûr, c’est qu’il l’a supprimée parce qu’elle était, en fait, beaucoup trop honnête. Parce que tout ce qu’il y admettait allait être utilisé contre lui, et contre le mouvement trans plus généralement. Sa publication illustrait parfaitement en quoi le phénomène trans est en grande partie lié à des désirs sexuels masculins, et plus précisément à l’érotisation de la domination, à un fétichisme de travestissement lié à un fantasme de « féminisation forcée » (comme je l’explique plus en détails ici). Elle rappelait en outre que le porno constitue une industrie misogyne consistant à produire et à diffuser en masse des agressions sexuelles de femmes. Que le porno contribue éminemment à promouvoir l’érotisation de la domination. Et qu’il représente in fine un facteur pouvant amener des hommes à se dire « trans ». En 2019, pour prendre un autre exemple célèbre, Lilly (ex-« Andy ») Wachowski avait admis à la télévision que le fait de regarder du « porno transgenre » l’avait fortement influencé dans sa décision de se dire trans.
Et contrairement à ce que beaucoup de gens qui n’y connaissent pas grand-chose seront tentés de penser, non, la publication (depuis supprimée) de Schafer ne relevait ni de l’ironie ni d’un accès de démence. Ce que Schafer y avouait, nombre d’hommes se disant femme (soi-disant « femmes trans », comme Schafer) l’admettent également, dans de nombreux forums sur internet, dans des livres, des revues, etc. Andrea Long Chu, par exemple, né Andrew, un auteur et critique littéraire états-unien, qui se dit aujourd’hui « femme trans », qui a écrit pour le New York Times, le New York Magazine et a reçu un prix Pulitzer en 2023, explique, dans son livre Females (paru en français sous le titre Femelles) que « le porno sissy » l’a « rendu trans ». Il explique comment la consommation d’une pornographie centrée autour du fantasme de « féminisation forcée » est à l’origine de sa « transidentité ». Ils sont nombreux dans ce cas. Et ils l’admettent ouvertement. Et des féministes tentent d’alerter la société à ce sujet depuis des années. Parce que quelque chose cloche gravement lorsque des hommes qui se masturbent sur des actes de violence misogyne, qui jouissent à l’idée d’être des femmes dominées et violentées, déclarent ensuite être des femmes (« femmes trans ») et sont applaudis pour ça par tous les médias et les partis soi-disant « progressistes » ou « de gauche ».
Devrait-on conclure de tout cela que la pornographie, la violence misogyne et les agressions sexuelles, c’est super, puisque ça permet à des hommes de déclarer des « transidentités », et que ça favorise donc le progrès ? Non, évidemment pas. Tout l’inverse. Hunter Schafer illustre un aspect majeur – et fondateur – du phénomène trans : la manière dont il permet à des hommes d’assouvir des fantasmes érotiques fondés sur un imaginaire profondément misogyne. Ce qui, faut-il le rappeler, est tout sauf progressiste.
(Le 25 février, sur X (Twitter), le « youtuber cinéma, séries et jeux vidéo » Regelegorila, qui compte près de 240 000 abonné∙es sur YouTube, s’indignait du fait que « le gouvernement américain » ait « osé dire » que Schafer « n’est pas une femme alors que c’est le cliché du canon de beauté occidental ». Parce qu’une femme, c’est simplement une personne avec des gros seins (qu’ils soient totalement artificiels ou naturels), une taille fine, de beaux cheveux blonds. Que cette personne soit de sexe masculin ou féminin importe apparemment peu. L’habit fait le moine. Les gros nichons (vrais ou faux) font la femme. Une belle illustration de la manière dont les hommes perçoivent les femmes en général dans la civilisation. Comme de beaux objets sexuels. C’est sans doute pour les mêmes raisons que nombre d’hommes considèrent leurs « poupées sexuelles » comme de « vraies femmes ». Après tout, si les femmes peuvent être de sexe masculin ou féminin, pourquoi ne pourraient-elles être de chair ou de silicone ?)
Si vous voulez en savoir plus sur le phénomène trans, vous pouvez vous procurer notre livre (Né(e)s dans la mauvaise société — Notes pour une critique féministe et socialiste du phénomène trans) ici : https://www.partage-le.com/produit/dans-la-mauvaise-societe/